29 mars 2013 : dernière exploration fonctionnelle. Elle se passe bien, la sage femme est super sympa, elle me donne les horaires de ses prochaines gardes afin que bébé les mémorise et choisisse le "bon" moment afin que je tombe sur elle pour m'accoucher. Bien sûr ca ne marchera pas... Elle me parle déclenchement, maturation du col... tout cela ne m'enchante pas mais bon... l'essentiel est que bébé aille bien et qu'elle sorte d'une façon ou d'une autre. Sachant que la maturation peut prendre jusqu'à 3 jours pendant lesquels on reste hospitalisé, on fonce à la maison de la presse pour acheter de quoi m'occuper pendant ces éventuels 3 jours. Bien sûr cela s'avèrera inutile...
nuit du 29 au 30 mars 2013 : je ne ferme pas l'oeil de la nuit, sauf peut être pendant une heure. Bébé va bien mais j'ai de grosses douleurs pelviennes. Je m'inquiète un peu en me disant que 6 jours de douleurs aussi intenses risquent de compromettre ma joie de vivre. Je me tords de douleur, cela me rappelle mon adolescence quand j'étais sujette à des douleurs lors des règles. A partir de 9h, après le petit dej, les douleurs s'espacent puis disparaissent. J'essaye de récupérer dans la journée mais c'est pas ça.
nuit du 30 au 31 mars 2013 : je ne ferme pas l'oeil de la nuit, et là les douleurs sont non seulement pelviennes mais également dans le dos. Je soupconne un probleme de positionnement. Les douleurs reviennent toutes les 20 minutes. Cela ne ressemble pas à des contractions du moins telles qu'on me les a décrites. J'esaye de me détendre, de souffler, respirer mais rien n'y fait. Même pas la force de pleurer. Je fais les 100 pas dans mon appart, j'ai peur que le bébé ait un problème (lequel j'en sais rien, mais ne sachant pas de quoi je souffre...). A 8 heures, j'appelle la mater en décrivant mes douleurs. La sage femme me dit que si c'était des contractions je n'aurais pas une "si bonne voix". Sauf que moi je prends sur moi quand même alors le ton de ma voix... Elle me conseille du spasfon et un bain. J'envoie mon chéri à la pharmacie de garde. bah ouais on est dimanche. J'avale du spasfon puis du doliprane. La douche ne me fait rien de spécial, les médicaments non plus. La journée de dimanche n'est pas top mais au fur et à mesure les douleurs s'atténuent, mon esprit est occupé. On va même s'offrir des chocolats de Pâques car personne n'a pensé à nous! J'engloutis mon chocolat, cela montre que je vais mieux. Je redoute juste la prochaine nuit. Je me dis que si ces douleurs ne sont rien à côté des contractions, je ne vais jamais supporter l'accouchement. Moi qui me pensais "forte à la douleur" je commence à douter de mes capacités...
nuit du 31 mars au 1er avril 2013 : nuit horrible. Les mêmes douleurs me reprennent, bas ventre et dos. Arpenter l'appartement ne me suffit plus, les spasfon ressemblent à des smarties, avec moins d'effet encore et je ne veux pas prendre de médicaments inutiles. Je m'inquiète toujours, je ne sens pas bébé bouger tellement les autres douleurs sont fortes. Mon chéri me menace, me gronde comme une gamine pour que je me calme et que j'essaye de dormir. Il me force à me coucher pour que je dorme. Je perds le bouchon muqueux, pour moi ca veut dire quelque chose, je le sens.Je me tords de douleur, je dors 2 minutes par 2 minutes. Seulement 30 minutes passent. je scrute mon ventre, je ne sens rien. les douleurs reviennent toutes les 10 minutes. A compter de 6/7 heures c'est toutes les 5 minutes. Je me demande ce que peuvent être ces douleurs qui reviennent avec une telle régularité. A 8 heures rebelote comme la veille, j'appelle la maternité. Réponse évasive. "Si cela se rapproche, il faut venir...". A 8h30, je strresse tellement que je décide d'aller à la maternité sans les prévenir. Je prends une douche, chéri se prépare, hésite à prendre les valises, pensant qu'on y va juste pour un A/R. Je pense qu'il est soulagé que je prenne la décision d'y aller, au moins pour me rassurer. On laisse Happy à 9h00, je pleure de laisser mon petit chien tout seul dans l'appartement. C'est bête, elle ne manque de rien pourtant. Nous voilà partis.
1er avril 2013 : 25 minutes pour aller à la maternité, 25 minutes pendant lesquelles je râle après chéri pour tous les dos d'anes, plaques d'égouts, trous dans la chaussée qu'il n'évite pas. Cela le fait rire, je pourrais le massacrer si je n'étais pas concentrée sur ma respiration. Il rit mais je vois bien qu'il calcule l'espacement entre mes douleurs. Il ne dit rien mais je sais qu'il s'interroge et qu'il tire ses propres conclusions. On arrive à Sèvres, il me dépose devant l'entrée le temps de se garer. Je sens...comme une fuite. La honte, je pense avoir fait pipi dans la rue comme une petite mamie. Heureusement, j'ai une tunique donc cela ne se voit pas... et surtout ce que je ne sais pas, c'est que ce n'est pas une fuite de ce type. On se présente au 1er étage, il est 9h45, on m'installe dans une salle de travail. Pipi dans bocal, installation sur le lit, monitoring. Je sens la personne qui s'occupe de moi assez sceptique quand je lui explique le motif de ma venue mais bon, ils sont là pour ça.
Elle va chercher une sage femme pour l'examen du col. En attendant, je sens... que je perds les eaux !! Là pas de doute, j'inonde le lit et tout ce que je me dis c'est que c'est pas cool pour le personnel qui va devoir nettoyer. La sage femme arrive, je m'excuse pour la perte des eaux (c'est tout juste si je n'ai pas demandé une serpillère pour nettoyer moi-même!!). La sage femme est une étudiante sage femme, elle commence à me prendre au sérieux avec ma perte des eaux et m'examine. Sa tête change quand elle s'aperçoit que "vous êtes ouverte à 3 et je sens ses cheveux". Moi, je suis contente. Toutes ces douleurs étaient bien des douleurs de travail et ça y est la grande aventure de mon accouchement va commencer.
10h : on m'installe dans une salle d'accouchement. Je reprends mes exercices de respiration. La sage femme qui encadre l'étudiante vient me voir. A peine plus agée que la 1ere mais elles ont l'air de gérer. Elles m'installent la perf, le nouveau monitoring qui passera les 8 prochaines heures à ne pas vouloir tenir en place, le tensiomètre. Les prélèvements sanguins sont faits pour vérifier que je peux bénéficier de la péridurale. L'attente des résultats me semble durer une éternité. J'ai mal, autant que la nuit précédente mais étant prise en charge à l'hôpital, je redoute moins et surtout je peux contrôler le coeur du bébé. Tout va bien de ce côté là me rassure ma sage femme. Mon chéri enfile sa blouse, ses surchaussures, prévient ma maman de la situation et que donc elle peut aller récupérer ma chienne comme prévu. Mes beaux parents sont prévenus aussi. J'attends toujours la péridurale.
Enfin, la péridurale m'est posée une fois ouverte à 4. Docile, j'obéis à l'anesthésiste comme je n'ai jamais obéi à personne. J'ai peur qu'il n'y arrive pas (le médecin anesthésiste que j'avais vu précedemment m'avait dit que mon embonpoint pouvait empêcher la pose du catheter). Ca se passe comme dans les reportages (merci baby boom). Je n'ai pas mal. La sensation du catheter dans les vertebres est curieuse mais indolore. Une fois la péri posée, j'ai envie d'épouser l'anesthésiste. Cela commence à faire effet. Je ne sens presque pas la contraction suivante. Comme souvent le produit n'agit que d'un côté. Je me mets sur le côté pour que le produit se répartisse. Et là je veux divorcer : le produit ne fait plus du tout effet. On augmente les doses. J'entends des noms de produit que je n'ai entendu que dans des épisodes de Dr House, même pas dans Urgences c'est pour dire! Rien n'y fait, je re-souffre. Je change de position, re-injection de produit. Que dalle. L'anesthésiste est rappelé. il ne comprend pas. Limite je sens qu'il doute de ma bonne foi. D'origine étrangère il a du mal à comprendre mon second degré, que je pratique en pêrmanence. j'essaye d'être plus claire. La décision est prise de me retirer la péri pour me la reposer. Rebelote pour le protocole. Obeissance, soumission, élève parfaite : je suis sûre que j'ai fait le plus beau dos rond de toute l'histoire de l'Humanité. je suis ouverte à 7 et je croise les doigts pour que cela marche. N'empêche, j'ai bien le temps de douiller en attendant.
Alleluia, cela marche !!! sauf que le travail s'accélère. Je ne sens plus les contractions qui font mal, juste celles qui donnent envie de pousser. Et j'ai grave envie de pousser. Ma sage femme me fait faire une poussée. Elle pense qu'on pourrait passer à l'étape d'après. Celle qui l'encadre préfèrerait attendre afin que le bébé descende davantage afin que j'ai moins d'efforts à faire. J'arrête donc les respirations de poussée pour adopter celle de la descente de bébé. Je m'applique, je ressens mon bébé, sa descente, j'ai peur qu'elle arrive sans que les sages femmes soient là. Elles viennent me voir de temps à autre. Le temps s'est arrêté depuis 10h du matin, je ne sais pas combien de temps durent toutes ces étapes. Puis ça y est je suis complètement ouverte. on m'indique qu'on va passer à la poussée, la vraie. Là, pour la 1ere fois de la journée, je réalise et je flippe. Ca ne dure que 5 secondes, il faut passer à du concret. Je pousse. En suivant les conseils des 2 sages femme et de l'auxiliaire de puer qui a rejoint le groupe, je rectifie ma poussée pour qu'elle soit bien localisée. Je fais 4 séries de 3 poussées. Je n'arrête pas de leur demander combien de poussées je dois faire, comme si elles pouvaient le deviner !! Je crains de mal m'y prendre. Et là sages femmes et auxiliaire de puer me disent que je m'y prends très bien, que c'est exactement cela qu'il faut faire. Cela me redonne du courage, je reprends mes poussées. Une poussée, deux poussées et là j'entends les mots magiques "elle sort, arrêtez de pousser, poussez à nouveau". Je jette un oeil, je me re-allonge pour me concentrer, je repousse et là je sens que bébé sort complètement, je me redresse, je vois arriver entre mes jambes mon bébé que les sages femme me donnent. Il est 18h05, ma fille est née, elle est magnifique. Je n'arrête pas de dire "oh mon Dieu oh mon dieu oh mon Dieu". je ne suis pas croyante mais je suis en train de réaliser ce qui m'arrive, ce qui nous arrive, Elle est là, elle est concrète, elle est belle, elle est parfaite, elle crie, se calme instantanément et le peau à peau est un des moments les plus sereins, naturels, évidents de ma vie.
Chéri devenu papa est juste à côté, il a été parfait pendant ces 8 heures de travail comme pendant ces 9 mois de grossesse, à se caler sur ce que j'attendais de lui sans maladresse, juste parfait.
On est une famille.