Ma chère mamie tant aimée est partie hier, dans l'après midi...
Je m'y étais préparée (si tant est qu'on puisse s'y préparer). Je savais, je sentais que cela arriverait pendant ma grossesse. C'est sûrement mieux pour elle, pour son entourage car sa santé s'était beaucoup dégradée depuis la dernière fois que je l'avais vue, il y a 18 mois. Je l'ai eu au téléphone pour son anniversaire fin décembre, elle a semblé me reconnaitre et comprendre qu'elle aurait une arrière-petite-fille. Alors je préfère rester sur ces souvenirs.
C'est dur de ne pas pouvoir faire le trajet, assister à l'enterrement, être aux côtés de ma mère, de ma soeur mais ce ne serait pas raisonnable. Tout le monde me dit de penser à ce que j'ai dans le ventre, ce que je dois préserver...
Je retiendrai d'elle tous ces petits détails accumulés depuis une trentaine d'années et qui se bousculent dans ma tête me faisant tantôt pleurer, tantôt sourire...
Ma mamie "schtroumpf moralisateur", ses fars bretons si bons, l'odeur du linge chez elle, son regard malicieux aux yeux bleus, les clés qu'elle nous donnait en cachette pour qu'on puisse vite vite entrer dans la maison pour regarder la télé, sa berceuse en breton, ses petites habitudes, la pierre dans le jardin sur laquelle elle montait pour me montrer les chevaux de la prairie voisine, ses sabots, le jus d'orange qu'elle m'a préparé tous les matins pendant tant d'années, ses principes, sa tolérance, sa capacité à s'endormir devant la télé en un clin d'oeil, les papouilles qu'elle me faisait dans les cheveux, le fait qu'elle soit à l'origine de ma dépendance à un "objet transitionnel", ses histoires de loups dans le jardin pour éviter que je sorte fumer ma cigarette au début de l'âge adulte, ses "feux de l'amour" qui la faisaient rire, le lait Ribot et son rire devant ma grimace, les petits souvenirs qu'elle gardait cachés dans son armoire, sa patience avec ses deux petites filles quelque soit leur âge, les journées en bord de mer, ses petites bouclettes blanches, son odeur si douce, son regard émerveillé quand elle nous voyait, ses facéties, les ballades en forêt, ses demandes insistantes pour qu'on se resserve à table, le plaisir de gratter son ticket de loterie pas souvent gagnant, son manque de complaisance à l'égard d'elle-même, sa petite tête qui surgissait derrière les rideaux de la cuisine quand on arrivait chez eux, son aurevoir sur le bord de la route à chaque fois qu'on en repartait... jusqu'à ce qu'elle soit un point minuscule dans le retroviseur.......
Et tant d'autres...
Mamie, tu me manques déjà...